La lueur du jour aussi.

Publié le par Jacques Jakubowicz

Je vous livre ci-dessous la position de Jean-Luc Mélenchon tirée de son Blog après sa délission du PS et l'annonce de son intention de créer le Parti de Gauche

 

Je devrais me réjouir des premiers pas remarquables accomplis depuis la création du Parti de gauche (PG), notamment ses 5000 déclarations de soutien et ses récentes adhésions de personnalités socialistes comme Franck Pupunat, Jacques Rigaudiat ou Jacques Généreux.

Je veux avant tout saluer l’évènement que représente la création du front de gauche avec le Parti communiste en vue des prochaines élections européennes. Au cœur de l’obscurité que répand la déchéance morbide du Parti socialiste la lumière du renouveau de la gauche s’allume. Mais c’est encore la nuit.

La semaine du parti socialiste a été profondément démoralisante pour les gens de gauche qui en retiennent la conclusion essentielle : Sarkozy a le champ libre. De ce champ de ruines on ne se relèvera pas en un jour. Mais rien ne sert de gémir et de se laisser abattre. Le calendrier nous ouvre une opportunité inespérée de rebond.

Tout le raisonnement qui nous avait conduits à décidé de quitter le PS dès le soir du vote, puis à créer aussitôt le Parti de Gauche (PG) s’est vérifié sous une forme bien plus caricaturale que tout ce que nous avions imaginé. La victoire de Ségolène Royal a contraint tous ses challengers à une grotesque et destructrice guerre de retardement dans laquelle tout a coulé, y compris la gauche du parti et pour finir peut-être le parti lui-même. Au total cette séquence réalise sous une forme certes ubuesque et imprévue tout le contenu de l’évolution du PS tel qu’il s’est progressivement mais implacablement amassé au fil des années.

Aligné sur l’horizon indépassable du capitalisme et du libéralisme, rêvant de l’alliance au centre qui le mettrait au diapason de tous les autres partis sociaux démocrates d’Europe, le PS s’est effondré en se présidentialisant à mort, pipolisé, dépolitisé. A présent, ce que l’on appelait le parti socialiste est mort.

De ce fait l’ensemble du dispositif qui structurait la gauche autour de ce parti est à terre.  La droite qui faisait déjà ce qu’elle voulait grâce à l’abstention du PS n’a plus rien en face d’elle. C’est tout le dispositif de riposte qui doit être reconstruit. Et pour cela c’est l’espace politique occupé par le PS qui doit changer de leadership. Naturellement cela ne veut pas dire que le parti socialiste va disparaître.

Sous le même nom, autre chose va se présenter sur la scène. Soit, autour de Martine Aubry, une sorte de nouvelle SFIO, syndicat d’élus gérant les rites de la gloire passée, soit avec Ségolène Royal un parti de type démocrate à l’italienne. La première forme n’aura d’autre projet que sa conservation et se tiendra aussi longtemps que possible dans une logique identitaire avant d’être siphonnée progressivement par le centre et la droite.

La seconde sera à géométrie variable construite sur la seule échéance présidentielle et en dépendra en tout et pour tout. Elle la portera avant de l’anéantir. Dans les deux cas Bayrou aura le dernier mot. Aubry et Royal qui incarnent ces deux futurs sont autant les créatrices que les jouets d’une situation qu’elles ont endossée davantage qu’elles l’ont créée. Ce fond de scène peut durer. Il peut tout bloquer et maintenir toute la gauche durablement dans l’impuissance jusqu’au terme du désastre que la crise du capitalisme promet à notre pays.

La nomenclature socialiste, l’immense appareil qui entoure les élus y trouverait son compte : son seul souci est de durer. Avec la création du Parti de gauche (PG), et la formation du front de gauche avec le Parti communiste, un processus est engagé.

Depuis la modeste place qui est celle du Parti de gauche (PG), avec ce qui vient de commencer depuis notre initiative nous disons: un autre futur est désormais possible. Une courte période s’ouvre, jusqu’aux prochaines élections européennes pour construire un nouveau dispositif politique à gauche qui soit à la hauteur de la crise sociale qui commence et de la catastrophe écologique qui murit. Il n’y a aucun mystère sur ce qu’il faut faire. Ni sur le calendrier d’exécution.

Trois congrès vont se succéder à gauche: celui des Verts, celui du PC, celui du NPA. Tous ont à traiter l’offre politique présentée par la rencontre du PCF et de Parti de Gauche (PG). Se rassembler pour la prochaine élection européenne.

Cette offre est aussi un programme et une stratégie. Un programme: celui qui découle du refus du traité de Lisbonne et de la politique libérale qu’il contient. Une stratégie: le rassemblement de tout l’arc de force qui se situe sur ce terrain politique. Le Parti de Gauche est l’outil au service de cette tache.

Je donne rendez vous à tous ceux que ces questions intéressent samedi 29 novembre prochain au gymnase de l’ile de Vannes, métro Mairie de Saint Ouen pour le meeting de lancement du Parti de gauche, en présence (notamment) de Oskar Lafontaine.

 

Publié dans coup de coeur

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