Quand Sarkozy ratisse sur les terres de Le Pen

Publié le par Jacques Jakubowicz

Selon Nicolas Sarkozy, « on naît pédophile, et c’est un problème que nous ne sachions pas gérer cette pathologie ».  
Bien entendu, en tant qu’élu en charge de la santé à Bondy, cette déclaration me choque par son inconsistance scientifique et sa visée politique.        
Après avoir déclaré qu’il faudrait faire la chasse aux délinquants, dès le plus jeune âge, avant qu’ils ne le deviennent, ce qui sous tendait l’idée que la délinquance est d’origine génétique, en quelque sorte innée et repérable dès la naissance, il récidive avec les pédophiles.    
Nicolas Sarkozy aime les exclusions et sans doute un bon coup de Karcher, ne serait pas de trop pour nettoyer ce qui n’est pas « génétiquement pur ».         
Heureusement d’autres voix se s’élèvent pour condamner de tels propos irresponsables.
Après les politiques, la communauté religieuse s’émeut de voir révéler le vrai visage de la pensée sarkozienne, Mgr André Vingt-Trois, l’archevêque de Paris, déclare : « l’homme est libre…ce qui me paraît plus grave c’est l’idée que l’on ne peut pas changer le cours de l’existence (...) cela veut dire que l’homme est conditionné absolument. »
La communauté scientifique s’alarme, elle aussi, que ces propos ne fassent pas plus de vagues. Le généticien André Langaney, directeur du laboratoire d’anthropologie biologique du Musée de l’homme, n’hésite pas, avec les précautions d’usage, à dénoncer « ce que voulaient faire des gens pendant la Seconde Guerre mondiale ». « Il y a des scientifiques d’extrême droite qui pensent qu’on a tout à la naissance et qu’on ne peut plus rien changer. Si on suit ces gens-là, il faudrait presque faire des tests génétiques à la naissance ou faire un tri des embryons pour éliminer les pédophiles avant qu’ils naissent. » Selon le pédopsychiatre Bernard Golse, « entamer une croisade sur l’aspect génétique de la pédophilie est scientifiquement non fondé ». « C’est une ineptie purement idéologique qui est totalement à côté des acquis actuels de la science et de la génétique en particulier ».
Interrogé dimanche par RTL, le généticien Axel Kahn poursuit les propos qu’il a tenus dans l’Humanité du 4 avril : Sarkozy, « candidat à de très hautes fonctions (s’exonère) par avance des ses responsabilités en disant "dans ce type de malheur, si ça survient, le monde que je vais aider à construire n’y sera pour rien, c’est lié aux gènes, c’est lié à la mauvaise constitution" ». Nous voilà prévenus : dans la « France d’après » de Nicolas Sarkozy, la lecture des gènes primera sur celle des causes sociales, environnementales ou éducatives. Comme dans le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley...

Publié dans exclusions

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