Derrière les propositions des candidats se dessinent leur vision de la France

Publié le par Jacques Jakubowicz

La question des impôts interresse tous les Bondynois. Que proposent les principaux candidats à l'élection présidentielle? L'article de L'Humanité ci-dessous rassemble  leurs propositions


La baisse des impôts, Jacques Chirac l'avait promise.
Il annonçait une diminution de l'impôt sur le revenu (IR) de 30 % en 5 ans, et il faut lui reconnaître que cette promesse a, quasiment, été réalisée. Dans la même logique, la droite a déjà ramené à 5 tranches le calcul de TIR, une bonne nouvelle pour les hauts revenus.

Autre cadeau, la création du fameux bouclier fiscal qui interdit que le total des prélèvements cumulés dépasse 60 % des revenus : autant dire que cela signe la fin de l'ISF déjà fortement vidé de toute substance. Sans oublier, les gentillesses du gouvernement en ce qui concerne l'impôt sur les successions.

Mais les grands gagnants sont les patrons. Baisse de la taxe professionnelle, actions défiscalisées. Et comme si cela n'était pas suffisant ils ont reçu la bagatelle de 65 milliards d'euros d'aides publiques pour la seule année 2005, soit l'équivalent du budget de l'éducation nationale.
Pas mal, mais pas suffisant puisque Nicolas Sarkozy veut aller encore plus loin (voir ci-contre) au nom de « l'efficacité économique ». Le candidat UMP peut parler des travailleurs, citer Jaurès ou Léon Blum, mais cet écran de fumée masque mal son projet de société.
Ses objectifs : transférer des charges nouvelles aux collectivités territoriales et réduire de manière drastique les services, qu'ils soient publics ou sociaux. Comment financer l'éducation, la santé, la protection sociale ou les transports sans moyens ? Il faudra donc pour les usagers devenir des clients. Enfin pour ceux qui vivront dans des endroits rentables. Car ce que la logique sarkozyienne remet en cause c'est l'égalité d'accès aux services publics.
Sans compter que les milliards d'euros de cadeaux fis­caux faits aux riches creusent enco­re la dette publique au plus grand bénéficie des mar­chés financiers qui empochent les inté­rêts de la dette.
C'est même la double pei­ne pour les plus pau­vres puisque pen­dant ce temps d'aut­res impôts augmen­tent : les plus injus­tes, ceux qui n'ont aucune progressivité : la TVA, la taxe sur les produits pétroliers, la CSG, les forfaits hospitaliers et de la consultation médicale. Si Nicolas Sarkozy est celui qui va le plus loin, force est de constater que les autres candidats ne s'atta­quent pas au nœud du problème fiscal qui consiste, comme le disait déjà Robespierre, à faire « contri­buer chaque citoyen à la dépense commune de l'Etat, suivant ses facultés ».

Que la candidate socia­liste Ségolène Royal remette en cause la proposition, pourtant bien sage, de revenir sur les baisses d'impôts accordées aux individus qui gagnent plus de 4 000 euros net par mois, ou qu'elle évoque la possibilité de création d'une TVA sociale peut légitimement interroger.

Conception différente du coté de Marie-George Buffet pour qui l'impôt doit justement permettre de financer et de garantir l'égalité d'accès de tous à un certain nom­bre de services essentiels (l'énergie, le transport, la santé, la communication, l'information, la cul­ture, le logement...). Mais également d'u­tiliser l'impôt com­me un outil politique juste pour dépasser le système de pro­duction purement capitaliste. Un outil permettant de remplacer l'obses­sion du profit par l'obsession du développement humain et de l'éga­lité que le système libéral met cons­tamment à mal.
Suppression pro­gressive de la TVA sur les produits de première nécessité, progressivité de l'impôt sur le revenu en aug­mentant le nombre de tranches, multiplication par trois du taux de l'ISF pour les plus hauts revenus, prise en compte des revenus réels des ménages dans le calcul de la taxe d'habitation, taxation des revenus financiers, harmonisation fiscale et sociale en Europe et dans le monde afin de lutter contre les paradis fiscaux, la spéculation financière et le dumping social.

Car comme l'écrivait encore Robespierre, « les longues convul­sions qui déchirent les États ne sont que le combat des préjugés contre les principes, de l'égoïsme contre l'intérêt général, de l'orgueil et des passions des hommes puissants contre les droits et contre les besoins des faibles ».

Publié dans Démocratie

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B
Si je peux me permettre, Jacques, un petit lien qui peut se marier admirablement bien avec ton billet du jour : <br /> "L'impôt, un geste civique, pour se sentir citoyen"<br /> http://www.changer-le-ps.com/article-5530421.html<br /> C'est un sympatique billet de Philippe Van Parijs sur la question...<br />  
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