Au fil du temps

Publié le par Jacques Jakubowicz

Jeudi 4 octobre 9h15, je suis dans le hall du palais de justice de Meaux, la bonne ville de M. Jean-François Copé, pour soutenir une jeune femme chinoise, madame L, sans papiers de Bagnolet, ville où je travaille.

Je suis accompagné d’une représentante de RESF et de quelques amis de la famille.

L’audience est fixée à 9h30 devant le JLD (juge des liberté et de la détention).

L’avocat téléphone, il ne sera pas là avant 11h00.

A 11h30 l’avocat arrive et s’isole pour…étudier le dossier. A 13h00 la greffière et le juge ont faim et manifeste une impatience bien visible.

A 13h30 l’audience s’ouvre enfin, l’avocat plaide, le président renvoie le délibéré à 15h00

13h45 pose repas.

Entre temps, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer :

10h00 appel téléphonique d’une école de Bondy. La directrice m’informe que Madame N sans papier, a été elle aussi, arrêtée au petit matin. Son enfant est scolarisé dans cette école ; Il n’y a pas de papa.

Je téléphone au commissariat de Bondy pour en savoir plus. Elle n’est pas ici, mais le fonctionnaire de police me renvoie sur Bobigny.

J’appelle le commissariat de Bobigny qui me dirige sur un autre service. Là on commence par me dire que madame N n’est pas là, puis qu’elle est là mais qu’ils n’ont pas eu le temps de s’en occuper.

On me demande de rappeler vers 16h00.

15h00 : reprise de l’audience à Meaux, un peu d’attente et le juge rend son verdict : tous les arguments de l’avocat sont rejetés, la rétention continue pour madame L. L’avocat fait appel, le jugement sera rendu à Paris Samedi 6 octobre.

16h00 : Je rappelle le commissariat de Bobigny,  madame N est toujours en garde à vue, rappelez dans une heure. Entre temps le réseau RESF de Bondy s’est mobilisé, la chaine téléphonique fonctionne, un rassemblement est fixé à 18h00 devant le commissariat.

A 17h00, j’appelle à nouveau Bobigny, le chef est parti prendre un café il faut rappeler dans une demi heure, mais première bonne nouvelle de la journée, il semblerait que la préfecture ne poursuive pas madame N et qu’elle sera relâchée.

17h30 : j’ai enfin le chef. La nouvelle est confirmée, Madame N sera relâchée !

Samedi matin la cour d’appel réunie à Paris décide à son tour de relâcher madame L de Bagnolet.

Que d’efforts, que de gens mobilisés, que de bénévoles impliqués, mais au final quel plaisir de constater que la solidarité, le refus de l’intolérable, la lutte paient.

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A
bravo Jacques, c'est bien ce que tu fais. Même si avec ton air bougon on se demande si tu te fais pas un peu suer, je suis heureux de te voir fidèle à ton engagement politique. Si tous les communistes étaient comme toi...@ bientôt dans les couloirs d'un palais de justice, aux cotés des sans-papiers.
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